La Contre-Attaque Balte
La Contre-Attaque Balte
Un nouveau Gambit!
Les joueurs d'échecs français qui étaient actifs dans les années 70-80 parlent avec nostalgie de la "série Gambit" qui occupait une bonne place dans la littérature échiquéenne française de l'époque. Ce nouveau fascicule qui survient 20 ans après est né d'un concours de circonstances qui s'est produit fin 2004 sur le forum de France-Echecs.
Pour beaucoup de joueurs d'échecs francophones, le site internet "france-échecs.com" est un salon incontournable d'un très bon niveau intellectuel lors des grands jours. Les participants de tous âges se fréquent quotidiennement et échangent leurs vues avec une percutante sincérité sur des sujets très variés ayant le seul mérite de se raccrocher parfois de très loin à leur passion commune.
Un jour un jeune talent a demandé conseil...
"Je n'ai que 15 ans et j'ai donc du mal a me procurer certains livres. Je vais bientôt passer de 1700 à 2080. Pour stabiliser mon niveau vers les 2000-2100 il me faudrait un répertoire d'ouvertures avec les Noirs contre 1.d4. Habituellement , je réponds 1..d5 2.c4 c6 3.Cc3 Cf6 4.Cf3 e6 5.e3 Cbd7 6.Fd3 (la Méran) mais cela me semble bien trop complexe. Ce que je préfère c'est plutôt les positions ouvertes et j'ai du mal à en trouver avec les Noirs. Que me conseillez-vous comme ouverture."
Un entraîneur, -le futur auteur du fascicule!-, lui suggéra la Contre-Attaque Balte...
"Tu veux ouvrir le jeu pour avoir plus de combat avec les Noirs dès les premiers coups.
Le champion Paul Keres avait recherché la même chose que toi.
Tu peux par exemple te faire une arme comme Keres avec 1.d4 d5 2.c4 Ff5. En 3 parties tu apprécieras de devenir un spécialiste...
C'est peu joué, certains pensent que c'est inférieur, mais comme ça sort les pièces, ça ne peut pas être mauvais!"
A la réflexion, il fallait peut être expliquer à la jeune génération que Keres occupait en son temps la place d'un Tal ou d'un Shirov.
L'entraineur justifia son conseil de la manière suivante:
"J'ai proposé la Balte dans un cas bien précis: il s'agit d'un jeune joueur qui en avait assez de souffrir de l'enfermement du Fc8 derrière une structure de Slave (1.d4 d5 2.c4 c6 puis e6) et qui va comme par hasard se trouver à l'aise et créatif avec le Ff5 sorti au 2ème coup..."
Très vite, avec enthousiasme,- ce génie de la sincérité-, le forum s'emballa: variantes, parties, témoignages, chacun apportait sa pierre et l'idée de réaliser ce petit opuscule naquit!
Certaines critiques fusèrent:
"Pour ce qui est de Ff5, je n'ai guère confiance..."
Mais une petite liste des cerveaux échiquéens qui ont opté pour Ff5 en partie lente restera la meilleure des réponses:
"Short, Speelman, Vaganian, Gurevich, Keres, Lasker : l'ont tous jouée plusieurs fois."
"On trouve aussi Euwe, Nimzovitch, Dorfman..."
"Au plus haut niveau, Keres en 48 et Smislov en 54 ont même défié le champion du monde Botvinick avec Ff5."
C'est vrai que la liste est particulièrement impressionante. Une partie Kramnik - Gelfand fera même l'objet d'une étude approfondie.
"J'ai des copains de votre niveau qui ont arrêté de jouer cette ouverture pour des problèmes de structure ou à cause de difficultés sur les cases blanches de l'aile-dame."
Il est vrai que le départ précoce du Fc8 affaiblit le pion b7 qui est souvent échangé au profit de l'attaque:
"Ff5 est caractéristique de l'école balte: on poursuit son objectif en laissant faire l'adversaire.
Exemple: si les blancs veulent manger du pion sur l'aile dame, ça tombe bien, ils sont là pour ça... N'est-ce pas agréable de gambiter un pion b (voire plus...) quand l'adversaire va utiliser 3 coups pour aller le chercher?"
Le joueur balte phare est l'estonien Paul Keres. Ce rival du champion du Monde Botvinick est resté célèbre pour sa créativité, son adaptabilité aux idées de l'adversaire. Lors de l'épopée de l'équipe Lyon-Oyonnax qui fut championne d'Europe, le jeune estonien Ehlvest, qui en faisait partie montra lui aussi aux joueurs français que la manière de jouer de Keres était un peu plus que le style individuel d'un joueur doué, mais finalement la manière de jouer bien particulière des peuples de la Baltique.
"Les baltes sont accueillants. Ca faisait combien de temps que les russes étaient chez eux?"
Cette plaisanterie du forum illustre la façon de jouer des baltes: on intègre systématiquement les désirs de l'adversaire dans notre plan. On s'adapte et l'on va plus loin. Ce sera une première clef pour conduire cette ouverture:
"Joue la Balte comme un balte! Il veut b7, tu lui donnes b7..."
Cela permettra d'introduire le premier chapitre...
Mais auparavant il convient de remercier ceux qui ont contribué à la parution de ce fascicule.
Citons notre ami Pascal Villalba, le webmaster de Notzaï qui s'est immédiatement porté volontaire pour offrir ses talents de maquettiste, Gérard Demuyd (Reyes) qui a aimablement mis à disposition sa méga banque de parties, ajoutons le Grand Maître Eric Prié qui avec gentillesse et conviction a défendu ses idées sur la variante. Ajoutons les passionnés de France-Echecs qui ont livré leurs variantes avec le meilleur esprit: Banlieusard (MI Cochet), et à tous ceux, beaucoup plus nombreux, qui n'ont rien dit, mais qui ont surveillé avec vigilance sur le forum l'évolution des débats, des analyses et des commentaires et qui parfois témoignent leurs de tournois d'une cordialité parfois inattendue mais toujours sympathique, un peu, toutes proportions bien gardées comme le vivent les vedettes de la télé ou les stars du X...
Merci enfin à Bernard Montangerand et à Pierre Meinsohn qui ont aimablement offert leur concours indispensable de sparring-partner humain, sur un véritable échiquier et avec des vraies pièces en bois...
Enfin, pour tous ceux, qui dès le départ, ont décidé pour différentes raisons et une fois pour toutes de ne pas jouer la "Balte", le conseil de l'auteur est de lire cet opuscule non pas comme un ouvrage théorique dans lequel on attendrait des lignes de jeu et une synthèse théorique, mais comme une passionnante aventure vécue par des joueurs d'échecs et racontée à d'autre joueurs d'échecs et qui leur parlera d'analyse, de tactique et de stratégie.
Une dernière conclusion, maintenant que l'ouvrage est presque terminé: je ne pensais pas que c'était aussi intéressant!
A Culoz le 1er juin 2005.
Francis Meinsohn
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Chapitre I Le Gambit Balte
1.d4 d5 2.c4 Ff5 3.Db3
Autant, lorsque les Blancs choisissent le système de Londres (1.d4 d5 2.Ff4 ou 1.d4 Cf6 2.Ff4) les Noirs peuvent équilibrer le jeu avec n'importe quelle formation, autant, avec les Blancs, l'usage veut qu'on joue avec dynamisme pour tirer un avantage du début.
Sue le forum, on a rapporté l'épisode suivant survenu lors d'un stage entre Garry Kasparov et Jean-Claude Moingt:
"Kasparov venait d'expliquer que les noirs pouvaient fondamentalement tout se permettre contre le Systême de Londres.
Ce à quoi Jean-Claude Moingt soucieux d'obtenir une variante concrète demanda ce qu'il fallait jouer avec les noirs.
Kasparov (avec la sensation qu'il avait déjà expliqué que les noirs pouvaient jouer n'importe quoi) répondit qu'il ne comprenait pas la question... Jean-Claude Moingt reformula patiemment sa question qui fut traduite une nouvelle fois et Kasparov répondit à nouveau qu'il ne comprenait pas la question. On passa à un autre sujet..."
3.Db3 est logique dans l'esprit du joueur qui se fixe sur l'idée que le départ du Fc8 affaiblit l'aile-dame et b7 en particulier. En pratique, les noirs ne demandent que cela!
3... e5
Le Gambit Balte.
4.Dxb7 Cd7 5.Cc3
Le coup naturel.
5.dxe5 Tb8 6.Dxd5 Fb4+ 7.Fd2 Ce7 8.Dd4 Fc5 9.Dc3 Cxe5 et les noirs ont une belle position et si 10.Dxe5 Fd4 gagne.
Une suite pourrait être: 10.e3 C7c6 11.f4 Fb4 12.Dc1 Fxd2+ 13.Cxd2 Cg4 14.Dc3 De7 15.e4 Fxe4 16.Dxg7 Fxg2+ 17.Ce2 Dh4+ 18.Cg3 Fxh1 19.Dxh8+ Re7 20.Dg7 Ce3 21.Re2 Dxf4 22.Cxh1 Td8. Ce type de variante donne la sensation que les Noirs peuvent gagner en offrant le spectacle.(§01)
5... exd4 6.Cxd5 Fd6 7.e4 Cc5 8.Dc6+ Fd7 9.Cxc7+ Dxc7 10.Dxa8+ Re7 11.Dd5 Cf6 12.Dxd4 Ccxe4
#
La position de base de la variante: les Noirs ont sacrifié une qualité et deux pions. Les compensations sont assez claires. Ils vont d'abord obtenir la paire de fous et poursuivre l'attaque:
13.Cf3 Da5+ 14.Fd2 Cxd2 15.Cxd2 Fe5 16.De3 Te8 (§02)
La bonne position de la tour. Les Noirs menacent Cg4. Ils ont l'avantage.
L'expérience montre que même avec les Noirs, les débutants ont souvent tendance à paniquer devant la complexité et l'instabilité apparente de ce type de variante. Ce sera une petite épreuve à surmonter. Dans un premier temps il est conseillé de ne retenir que quelques coups et de faire l'impasse sur le reste. Après une lecture rapide de ce fascicule et quelques petits essais pratiques des autres variantes, on reviendra avec profit sur ce premier chapitre et on se testera avec le plus grand profit contre un moteur d'analyse.
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Chapitre 2
L'attaque de b7 au 4ème coup
1.d4 d5 2.c4 Ff5 3.Cc3 e6
Pour faire simple, avec les Noirs, on retient de se développer avec l'ordre de coups Ff5, e6, c6 et seulement ensuite de développer les cavaliers.
4.Db3 Cc6
Le coup Cc6 ne trouve sa justification que lorsque les Blancs jouent Db3.
Il est important d'accorder ici quelques lignes au "jeu des couleurs":
Le jeu des couleurs est un concept stratégique introduit discrètement en France par l'auteur dans 3 livres parus chez Hatier dans les années 80: "Attaque à tout-va", "Le jeu des couleurs" et "La révolution sicilienne" et qui furent retirés de la vente. L'idée défendue était que les pièces blanches comme les pièces noirs ne jouent pas de la même manière sur les cases blanches ou sur les cases noires. Généralement chaque camp dispose d'une couleur forte et d'une couleur faible. Une partie d'échecs se compose donc de 4 stratégies distinctes: (...)
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Chapitre 3
Le Gambit Dame avec Ff5
1.d4 d5 2.c4 Ff5 3.Cc3
Même après Cf3 ou e3, les Noirs ont intérêt à retarder le coup Cf6. L'exemple qui suit a un siècle...
3.Cf3 e6 4.e3 Cf6 (c6!) 5.Db3 Cc6 6.c5 Tb8 7.Fb5 (à l'évidence il va manquer quelque chose pour tenir c6. Avec le cavalier encore en g8, on aurait 7...Ce7) Fe7 8.Ce5 0-0 9.Fxc6 bxc6 10.Cxc6 Txb3 11.Cxd8 Tb8 12.Cc6 Tbe8 13.Cc3 Cd7 14.b4 Ff6 15.a4 e5 16.Cxd5 Fe4 17.Cxf6+ gxf6 18.Cxa7 c6 19.f3 Ta8 20.fxe4 Txa7 21.d5 Td8 22.0-0 1-0
(Rubinstein,A - Blumenfeld, St Petersburg 1906).(§06)
3...e6 4.Cf3
Dans cette position, et dans l'esprit de ce fascicule, les Noirs doivent jouer 4...c6.
La variante 4...Cc6(?)
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Voici un exemple simple montrant que les Noirs n'ont pas grand chose à espérer d'un développement spontané du Cc6: les blancs ouvrent la colonne c et font pression avec leurs tours, les noirs déploient des trésors d'imagination pour essayer de piéger les blancs qui gagnent avec un jeu simple et efficace.
Pour ceux qui ne connaissent ni Taimanov, ni Haik, il faut préciser que le Grand Maître Taimanov était un des meilleurs joueurs du monde dans les années 60 et que Aldo Haïk fut le premier maître international français dans les années 70. (Avant, il y avait comme titré Nicolas Rossolimo, Grand Maître et français d'adoption...)
5.cxd5 exd5 6.Ff4 Cf6 7.e3 a6 8.Tc1 Ce4 9.a3 Cxc3 10.Txc3 Fd6 11.Fg3 0-0 12.Fe2 Te8 13.0-0 Fxg3 14.hxg3 Fg4 15.Db3 Te6 16.Tfc1 Td6 17.Tc5 De7 18.Ff1 Fe6 19.Ce1 Dd8 20.Cd3 Tb8 21.Cf4 Td7 22.Dc3 Ta8 23.b4 De8 24.b5 Ca7 25.bxa6 b6 26.Tb5 Cxb5 27.Fxb5 Ta7 28.Cd3 Dc8 29.Cb4 h6 30.Fxd7 Fxd7 31.Db3 Fe6 32.Cc6 Dxa6 33.Cxa7 Dxa7 34.Dc3 b5 35.Dc5 Da6 36.Dxc7 Dxa3 37.Tb1 Ff5 38.Txb5 Da1+ 39.Rh2 Df1 40.Tb8+ Rh7 41.Dxf7 1-0 (Partie Taimanov -Haik, Bucarest 1979).(§07)
Voici un exemple plus récent:
5.Ff4 Cf6 6.e3 Fe7 7.cxd5 Cxd5 8.Fg3 0-0 9.Fe2 Fb4 10.Dc1 Fd6 11.0-0 Fxg3 12.hxg3 Dd6 13.Cd2 Fg6 14.Ff3 Cce7 15.Td1 c6 16.Cc4 Dc7 17.e4 Cb6 18.Ce5 Tac8 19.De3 Tfd8 20.Tac1 Db8 21.Fe2 Cd7 22.f4 b5 23.b4 a5 24.a3 axb4 25.axb4 f6 26.Cxg6 hxg6 27.d5 exd5 28.exd5 Cf5 29.Df2 c5 30.Cxb5 Cd6 31.bxc5 Cxb5 32.c6 Cd6 33.cxd7 Txc1 34.Txc1 Txd7 35.Fd3 Rf7 36.Tc6 Db3 37.Df3 Db7 38.De3 Te7 39.Db6 Dxb6+ 40.Txb6 Td7 41.Rf2 Cc8 42.Tb8 Cd6 43.Tb6 Cc8 44.Tc6 Ce7 45.Fc4 Rf8 46.Tc5 Td8 47.Ta5 Cf5 48.Fd3 Ce7 49.Fe4 Rf7 50.Re3 Td7 51.Tc5 Cf5+ 52.Rf2 Ta7 53.g4 Cd6 54.Fc2 f5 55.Tc6 Re7 56.gxf5 gxf5 57.Re3 Ta3+ 58.Fd3 Rd7 59.Rd4 Ta1 60.Fc2 Tf1 61.Ta6 Tf2 62.Ta7+ Re8 63.Fa4+ Rf8 64.g3 Tf3 65.Td7 Cf7 66.Tc7 Txg3 67.Tc8+ 1-0 (Kramnik - Short, Horgen 1995).(§08)
4... c6
Les blancs sont à un carrefour 5.Db3 est assez caractéristique de la Balte et sera étudié dans les chapitres suivants. Mais les Noirs doivent être préparés à faire face à des coups comme 5.Fg5, 5.Ff4 ou 5.g3.qui, s'ils ne retombent pas dans les grandes lignes que nous allons voir, ne représentent généralement aucun danger pour les noirs dont toutes les pièces peuvent facilement s'activer.
La variante d'échange
5.cxd5 exd5
#
6.Ff4
Notons que 6.e3 joué après l'échange central, doit être considéré comme une faute, vu que les Blancs enferment leur "mauvais" fou c1.
Voici obtenue le type de position que les Grands Maîtres russes annulaient entre eux dans les années 70 lorsqu'ils voulaient s'offrir une journée de repos: (...)
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Chapitre 4
Le traitement de Kramnik
Pendant une période, Kramnik jouait d4 et Cf3 aux deux premiers coups ce qui permettait à
ses adversaires d'opter pour d5 et Ff5 avant que les blancs n'aient pu jouer c4.
Cela nous a produit une série de parties qui se rattachent à la défense Balte, mais sans que l'ordre
de coups 1.d4 d5 2.c4 Ff5 ne soit réellement joué. L'ordre des coups "collaborateur" selon la formule d'Eric Prié étant 1.d4 d5 2.Cf3 Ff5 3.c4 e6 4.Cc3 c6.
1.d4 d5 2.c4 Ff5 3.Cc3 e6 4.Cf3 c6 5.Db3
Le coup naturel. Dans cette position, le jeune Lautier surpris par Shirov avec la Balte joua plus faiblement 5.e3.
(...)
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Chapitre 5
Le traitement de Prié
1.d4 d5 2.c4 Ff5 3.Cc3 e6 4.Cf3 c6 5.Db3 Db6 6.c5 Dc7 7.Ff4 Dc8
Dans cette position, au lieu du coup de Kramnik 8.Ch4, le Grand Maitre Eric Prié estime que les Blancs peuvent obtenir un avantage par 8.e3
#
sans aller immédiatement chercher le fou et met en avant sa partie contre le MI Charles Lamoureux:
Les Noirs tentent de se libérer par e5 sans b6
8... Cd7 9.Dd1 Ce7 10.h3 Cg6 11.Fh2 e5 12.b4 exd4 13.exd4 Fe7 14.Fe2 0-0 15.0-0 Te8 16.b5 Ff6 17.Tc1Cdf8 18.Da4 Ce6 19.Tfd1 Dd7 20.Ff1 h5 21.Fd6 Cg5 22.Ce5 Cxe5 23.dxe5 Fxe5 24.Fxe5 Txe5 25.f4 Cxh3+ 26.gxh3 Te3 27.bxc6 bxc6 28.Cxd5 De6 29.Cxe3 Dxe3+ 30.Rh2 Fe4 31.Tc2 Dxf4+ 32.Rg1 Dg3+ 33.Tg2 De3+ 34.Tf2 Te8 35.Fg2 Fxg2 36.Rxg2 Te6 37.Df4 Tg6+ 38.Rh2 Dxc5 39.Dxf7+ Rh7 40.Df5 1-0 (Prie - Lamoureux, Clichy 98).
(§25)
Cette partie montre bien que la réaction e6-e5 contre le verrou b4-c5-d4 ne suffit pas à elle seule. On en conclura que les Noirs doivent faire participer le pion b7 au combat pour éliminer c5. Ce fut le début d'une passionnant échange de variantes avec le Grand-Maître Eric Prié qui avait saisi la "Balte au bond". (Le forum étant toujours le terreau de jeux de mots subtils!)
L'auteur lui proposa tout d'abord comme renforcement la suite:
#
(...)
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Chapitre 6
L'échange au 3eme coup
1.d4 d5 2.c4 Ff5 3.cxd5 Fxb1 4.Txb1 Dxd5
#
A/ Dans cette position, voici une partie qui peut donner froid dans le dos aux joueurs de Balte:
5.Cf3 Dxa2
Au lieu de chercher à gober a2, il existe pour les noirs une manière de jouer relativement simple:
(...)
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Chapitre 7
La variante a3
1.d4 d5 2.c4 Ff5 3.cxd5 Fxb1 4.Txb1 Dxd5 5.a3 Cc6
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A- 6.e3 o-o-o 7.Cf3
7.Ce2 Ce traitement un peu passif permet d'inspirer Shirov! 7...Cf6 8.Cc3 Dg5
Un coup intéressant de Shirov justifié par les tempi perdus par les blancs qui n'ont finalement développé qu'une seule pièce. La Dame ne fait que transiter sur cette case noire (elle vise g6). Le placement de la Dame sur la colonne g gène le développement du Ff1 et cherche à provoquer l'avance du pion e qui affaiblirait d4.
9.Df3 Dg6 10.Fb5 Cd5 11.Ta1 (Les Blancs sentent venir les variantes de Shirov et n'ont pas l'esprit à se lancer dans 11.Ce4 e5 12.Fxc6 Dxc6 13.dxe5 Dc2 14.Ta1 Dd3 15.Fd2 Rb8 16.Cg5 Fxa3 17.Txa3 Cc3 18.Dd1 avec, sans doute, un avantage Blanc en finale...) (§36)
11...Cxc3 12.bxc3 Ca5
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Et Shirov fait une démonstration de gain contre les deux fous dans une position bloquée: 13.0-0 e5 14.Dg3 Fd6 15.Dxg6 hxg6 16.h3 c5 17.Fb2 g5 18.Fe2 f5 19.Tad1 c4 20.e4 The8 21.Fh5 Th8 22.Ff7 f4 23.f3 Rc7 24.Rf2 b5 25.Re2 Cb3 26.dxe5 Fxe5 27.Txd8 Txd8 28.Fd5 Cc5 29.Rd2 Ca4 30.Rc2 Rb6 31.Th1 Ff6 32.Te1 Rc5 33.Fa1 Fe5 34.Th1 Cb6 35.Fe6 Td3 36.Td1 Txd1 37.Rxd1 Rd6 38.Ff7 Ca4 39.Rd2 Rc7 40.Fe8 Rb6 41.Rc2 Cc5 42.Rb1 Ra5 43.Fb2 Cd3 44.Ra2 Ra4 0-1 (Crouch - Shirov, Londres 91). (§37)
7...e5 8.Da4
8.Fe2. Malaniuk prend le pion et gagne la finale: 8... exd4 9.exd4 Cxd4 10.Cxd4 Dxd4 11.Dc2 Cf6 12.0-0 De4 13.Dxe4 Cxe4 14.Te1 Rb8 15.Fc4 f5 16.b4 Fe7 17.f3 Fh4 18.fxe4 Fxe1 19.Fb2 Fd2 20.Fxg7 fxe4 21.Fxh8 Txh8 22.Rf1 a6 23.Re2 Td8 24.Td1 e3 25.Tf1 Td7 26.Fd3 Ra7 27.Tf6 Fc1 28.a4 Td4 29.Tf1 Fd2 30.b5 Txa4 31.bxa6 bxa6 32.Tf7 Rb7 33.Fxh7 Tb4 34.Te7 a5 35.Fc2 Tf4 36.Fe4+ Rb6 37.Ff3 a4 38.Te6+ Rb5 39.Te8 a3 40.Ta8 Fa5 41.Tb8+ Fb6 42.Ta8 Rb4 43.Fc6 Tf2+ 44.Re1 a2 45.Fd5 Fa5 0-1 (Yermolinsky,A - Malaniuk, Rostof sur le Don 1975). (§38)
8...exd4 9.Fc4 De4
Un gain de temps précieux dans cette variante.
10.Ta1 dxe3 11.Fxe3 Fc5 et il est douteux que les Blancs obtiennent des compensations suffisantes pour les deux pions.
B- 5.Cc3 o-o-o 6.Dc2 Cxd4 7.Cxd4 Dxd4 8.g3 e6 9.Fg2 Dc5 10.Da4 Db6
Dans la partie Legky - Brochet (St Quentin 99 ), les Noirs se firent piéger par 10...Dd4 11.b4 Dc3+ 12.Rf1 et les Blancs échappèrent à l'échange des dames et développèrent leur attaque.
Après 10...Db6, les Noirs sont plus à l'aise. Par exemple 11.o-o Fc5 12.b4 Fd4 13.e3 Ff6 (§39)
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Chapitre 8
La prise en c6
1.d4 d5 2.c4 Ff5 3.cxd5 Fxb1 4.Da4+ c6
Ici 4...Dd7 5.Dxd7 Cxd7 6.Txb1 constitue pour les Noirs une fausse piste complète.
Il faut savoir qu'en règle générale, la force de la paire de fous augmente après la disparition des dames.
5.dxc6 Cxc6 6.Txb1
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Dans cette position, ce fascicule propose de choisir ici le coup.
(...)
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Chapitre 9
La grande variante
1.d4 d5 2.c4 Ff5 3.cxd5 Fxb1 4.Da4+ c6 5.Txb1 Dxd5
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On serait tenté de croire que dans cette position, les Blancs avec la paire de fous et un avantage d'espace devraient obtenir un score écrasant... Et bien non! Sur 20 parties jouées, le Grand Maître Igors Rausis réalise avec les Noirs 57,5%. L'opposition était-elle sans doute faible? Même pas: la moyenne était au dessus de 2400 Elo!
La raison de cela: l'acharnement stratégique avec lequel les Noirs s'accrochent logiquement aux cases blanches centrales dans des positions dans lesquelles la majorité des joueurs préfèrent baisser pavillon et se retirer.
6.Cf3
Est-ce meilleur de jouer 6.e3 d'abord? Généralement ces deux coups logiques et peuvent s'intervertir. Voici une variante indépendante qui ne pose aucun problème aux noirs: 6.e3 Cd7 7.Dc4 e6 8.Cf3 Cb6 9.Dxd5 exd5 10.Fd3 Cf6 11.Fd2 Fd6 12.0-0 Ce4 13.Fa5 f5 14.Tfc1 0-0 La position noire est superbe et la paire de fous est insignifiante. (Gross - Rausis, Viernheim 92): 15.Cd2 Cxd2 16.Fxd2 f4 17.g3 fxe3 18.Fxe3 Tae8 19.Rg2 Te7 20.b3 a5 21.Fd2 Fb4 22.Fxb4 axb4 23.Te1 Tfe8 24.Txe7 Txe7 25.a3 bxa3 26.Ta1 Rf7 27.Txa3 h6 28.h4 Re6 29.Rh3 Rd6 30.Rg4 c5 31.dxc5+ Rxc5 32.Rh5 Cd7 33.Ff5 d4 34.g4 b5 35.Ta1 Cf6+ 36.Rg6 Cd5 37.Rh7 Cf4 38.Rg8 g6 39.Rf8 Te2 40.Td1 Rb4 41.Fd7 d3 0-1 (§44)
6...Cd7 7.e3
Les autres coups peuvent surprendre,
(...)
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Chapitre 10
La variante Lorscheid
1.d4 d5 2.c4 Ff5 3.cxd5 Fxb1 4.Da4+ c6 5.Txb1 Dxd5 6.f3
#
C'est au Maître Fide allemand Gerhard Lorscheid que l'on attribue la paternité de cette idée logique consistant à récupérer en force les cases blanches. Il doit être assez clair que si les blancs obtiennent les cases blanches centrales sans que les noirs ne dénichent une compensation claire, ceux-ci "se retrouveront rapidement dans une position critique.
Du point de vue du "jeu de